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Colostrum : des règles simples pour maximiser son efficacité

Immunité. Donner au minimum 3 à 4 litres de colostrum dans les deux premières heures de vie est l’une des clés pour assurer un bon départ au veau. Une étude, jamais menée en France, d’un jeune vétérinaire vient entériner les connaissances actuelles.

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«À la naissance, un veau n’a pas encore de défenses immunitaires et il lui faut généralement deux à trois semaines avant de produire naturellement ses propres anticorps, rappelle Jonathan Gourdon, étudiant en thèse à l’école vétérinaire de Nantes. Pour se protéger des agressions extérieures, le nouveau-né a donc fortement besoin des anticorps de sa mère transmis via le colostrum. Cette soupe ultra-énergétique contient tout ce qui lui faut pour bien démarrer dans la vie, à condition d’en ingérer rapidement une quantité suffisante et de qualité. C’est primordial, car tout incident de santé subi au plus jeune âge se répercutera dans la vie future de l’animal : déficit de croissance, retard de fertilité, baisse de production en lait la première année, réforme plus précoce… »

Le jeune diplômé parle en connaissance de cause : pendant quatre mois, il a suivi les pratiques d’une quinzaine d’éleveurs laitiers et allaitants travaillant avec la clinique vétérinaire de la Forêt, à Yzernay, dans le sud du Maine-et-Loire. Son sujet de thèse, développé en partenariat avec MSD Santé Animale, consistait à analyser la qualité des colostrums provenant des mères et à mesurer le taux de transfert d’anticorps chez les veaux via une prise de sang.

En parallèle, il a questionné à chaque fois les éleveurs sur leurs pratiques : intervalle entre la naissance, la première traite et l’administration de colostrum, matériels employés, conditions d’hygiène, problèmes de santé constatés, taux de mortalité… Cette étude, la première du genre menée en France, confirme les connaissances actuelles sur la bonne utilisation du colostrum. Elle montre aussi l’importance d’assurer un bon transfert de l’immunité pour assurer le démarrage des veaux.

Ne pas attendre pour le faire boire

« Une fois prélevé, le colostrum voit sa qualité diminuer rapidement, il ne faut donc pas attendre pour le faire boire, ajoute Jonathan Gourdon. Le veau doit ingérer au moins 3 à 4 l de colostrum dans les deux premières heures de sa vie pour bénéficier d’une protection efficace. De plus, à la naissance, l’intestin du veau est perméable aux anticorps qu’il ingère. Le transfert vers le sang est donc facilité. Mais ce phénomène est éphémère, car cette perméabilité se réduit le plus souvent de moitié au bout de douze heures, aboutissant à la création d’une barrière naturelle hermétique à la fin de la première journée. C’est pourquoi il est recommandé de redonner 2 à 3 l de colostrum supplémentaires dans les douze heures. Le colostrum provenant de la première traite est à privilégier, car il est généralement beaucoup plus riche que celui de la traite suivante. »

Ne pas hésiter à sonder

L’étude montre que les éleveurs ayant le taux de mortalité le plus faible dans leur ferme sont ceux qui n’hésitent pas à sonder le veau pour lui administrer précocement au moins trois litres. Que ce soit au seau, au biberon ou par drenchage en insérant une canule dans la gueule de l’animal, l’important est qu’il ait sa dose. Pour les éleveurs qui hésitent à intuber eux-mêmes l’animal, la solution peut être de se former auprès d’un vétérinaire car la pratique n’est, finalement, pas si difficile à acquérir. À l’opposé, les veaux qui vont uniquement téter ne boivent souvent pas assez de colostrum et le taux de mortalité est ensuite plus important. D’autant que la mamelle de la mère est parfois souillée, devenant une source de contamination. Le respect de l’hygiène est en effet primordial que ce soit au moment du prélèvement, du stockage ou de la distribution du colostrum. Les éleveurs utilisant des seaux non désinfectés ou mal lavés compromettent leur chance de réussite.

Avoir du stock

Tous les colostrums ne se valent pas, c’est pourquoi l’éleveur a tout intérêt à tester leur qualité avant de les utiliser. L’outil le plus courant est le réfractomètre optique : simple d’utilisation, il donne des résultats assez bien corrélés avec ceux des tests en laboratoire. Le colostrum non utilisé se conserve une semaine au frais ou bien six à douze mois au congélateur dans une bouteille ou une poche plastique zippée. En avoir en stock est intéressant en cas de manque lors des vêlages suivants. La décongélation se fait au bain-marie : dans ce cas, ne pas dépasser les 60 °C pour ne pas altérer sa qualité immunologique. Il est par ailleurs déconseillé de garder le colostrum des vaches atteintes de mammites. De même, si la mère est arrivée dans le troupeau depuis moins de quatre semaines, son système immunitaire peut ne pas être encore totalement adapté à la flore microbienne ambiante. Son colostrum risque alors ne pas protéger efficacement le veau.

Denis Lehé

© J. Pezon - Impératif. Dans ses deux premières heures de vie, le veau doit ingérer au moins 3 à 4 l de colostrum.

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